LE LYNX BOREAL (Lynx lynx)

CAUSES DE LA DISPARITION DU LYNX BOREAL DANS LE JURA :

Texte de Véronique HERRENSCHMIDT

Les données de la bibliographie (Ogerien, 1 863 ; Gérard, 1871 ; Bouvier,

1891 ; Oustalet, 1893 ; Lavauden, 1930), tendent à prouver que le Lynx s'est éteint

dans le massif jurassien français dans la seconde moitié du XIXe . Si nous suivons

Schauenberg (1969) qui juge douteuse la capture d'un Lynx à Salins en 1885, les

derniers retranchements de l'espèce auraient été les monts du Haut-Jura, en 1850

à Colonges et en 1871 à Sarrageois

A la Renaissance, les peaux de Lynx furent utilisées pour

la confection de couvertures ou de pelisses. Dès cette époque, la mode des

fourrures qui a débuté dans la haute noblesse devient difficile à suivre par la

moyenne et petite noblesse, ainsi que par les riches bourgeois. Toujours d'après

Lefebure, la production locale du Haut-Jura serait intervenue à ce niveau, et se

serait donc à cause de la valeur de sa fourrure que le Lynx, félin facile à piéger,

aurait rapidement disparu, contrairement au Loup, qui s'est maintenu beaucoup

plus longtemps, bien qu'il ait fait l'objet de campagnes d'éradication organisées

depuis le Moyen Age par l'ordre des louvetiers


BIOLOGIE 

Nocturne et crépusculaire, il passe ses journées dans une cavité rocheuse, une souche, un buisson et chasse la nuit… Solitaire, les mâles et femelles se rencontrent lors du rut. La maturité sexuelle est atteinte vers 2 ans pour les femelles et 3 ans pour les mâles. L’accouplement a lieu de février à avril. La femelle met bas dans un gîte en mai-juin après 70 jours de gestation. Le nombre de petits par portée varie de 1 à 4. Le sevrage débute au bout de 2 mois et demi. Les jeunes s’émancipent vers 10 mois et partent à la recherche de leur territoire. Ils peuvent vivre jusqu’à 10-20 ans

Référence : STAHL P. & VANDEL J.-M. 1992. Le Lynx boréal (Lynx lynx Linné 1758). Société française d’Etude et de Protection des Mammifères (SFEPM). Encyclopédie des carnivores de France, n°19. 65p.

LES INDICES DE PRESENCE

Les empreintes : notez la dyssémétrie des coussinets  du lynx à gauche par rapport à ceux d'un canidé.

Empreintes dans la boue et dans la neige, à noter l'absence des griffes.

Le déplacement du lynx boréal : la voie, elle est souvent rectiligne lors de ses déplacements, j'ai souvent noté des petits triangles lorsqu'il s'écarte pour marquer mais attention, lorsqu'il chasse en plein bois, les traces ne sont plus du tout rectilignes.

Les poils  : Le lynx boréal comme le chat se frotte souvent la tête, on peut donc retrouver des poils sur un rocher ou sur un tas de bois à une hauteur d'environ 70 cms.

Les fèces : pas évident à trouver au début, mais avec une certaine habitude de la recherche du lynx, on les trouve assez facilement sur les chemins ou au pied des falaises. Pour ces dernières, il m'est arrivé de trouver des crottiers.

LE RUT 

La période de reproduction s'étale de la fin janvier à début avril.

Le mâle émet un cri que l'on appelle le feulement (vous pouvez l'écouter à la fin de la vidéo ci-dessous)

A l'approche du rut le marquage urinaire s'intensifie, dans la neige il est facile de déceler les bornes de marquage favorites du lynx.

Exemple d'un crochet effectué par le lynx boréal 

La gestation dure environ 70 jours, une portée peut compter de 1 à 4 petits, généralement 2 ou 3.

                          LES PROIES : 

Pour la femelle : 

surtout des chevreuils, attention à ne pas prendre au pied de la lettre les études qui indiquent la consommation d'un chevreuil par semaine. Sur le terrain, le lynx boréal est un chasseur opportuniste, il peut donc s'attaquer à d'autres proies en fonction des disponibilités des ressources alimentaires.

Des lièvres :

pour le mâle : des chevreuils, des lièvres et assez régulièrement des chamois (accessoirement pour la femelle)

les jeunes lynx en cours d'émancipation : lièvres, renards, rongeurs......

Les ovins et les caprins peuvent faire aussi partis du régime alimentaire du lynx boréal

le lynx est exceptionnellement charognard. En 2015, sur la commune de Tenay, une femelle lynx et ses petits venaient régulièrement en plein hiver, se nourrir des déchets de sangliers qui étaient déposés au pied d'un ravin par les chasseurs. Près du col du Berthiand, un soir deux jeunes lynx se nourrissaient au bord de la route sur un blaireau qui avait été tapé par une voiture le matin même


                                LES TERRITOIRES 

La reconnaissance des individus se fait grâce à l'observation de la répartition des tâches sur le pelage du lynx qui est propre à chaque individu. L'ONCFS, a developpé un logiciel qui permet l'identification des individus photographiés par les pièges-photos.

Sur le plateau d'Hautevilles-Lompnès grâce à ce travail de l'ONCFS, une petite partie du territoire d'un mâle a pu être identifié.


          CONSTITUTION DE LA POPULATION DE LYNX DANS L'AIN

 

En 1971, un couple de lynx des Carpates était relâché dans le domaine de chasse de Hutstock, dans le canton d'Obwald (Suisse Centrale). Cette action menée conjointement par l'inspection générale des sociétés de chasses et l'Office des forêts du canton d'Obwald, constitua le point de départ de la réintroduction du plus grand félin d'Europe non seulement en Suisse mais aussi dans plusieurs pays de l'ouest et du centre du continent.

Les années suivantes, des lynx furent relâchés dans plusieurs régions de Suisse. Toutes ces opérations ne débouchèrent pas sur des implantations durables, mais dans les Alpes (entre le lac Léman et celui des Quatre Cantons) et dans le Jura, deux populations se constituèrent.

 

L’introduction d’il y a 40 ans fut un acte pionnier. Alfred Kuster (1902-1967), qui s’occupa d’obtenir l’autorisation du Conseil fédéral pour la réintroduction du lynx en sa qualité d’inspecteur général des sociétés de chasse, et Leo Lienert (1921-2007), qui conduisit les premiers lâchers en tant que directeur des forêts du canton d’Obwald, partageaient la même conception visionnaire de la protection de la nature. Ils étaient d’avis qu’une forêt équilibrée n’avait pas seulement besoin d’ongulés, mais aussi de prédateurs. Le fait que les prédateurs puissent jouer un rôle important dans l’écosystème ne faisait pas l’unanimité à l’époque, même entre biologistes. Or, depuis, l’idée qu’un écosystème intact ne se résume pas à une ensemble complet d’espèces mais qu’il s’agit aussi de préserver les interactions entre ces espèces et leur pool génétique – leur « potentiel évolutif » – est devenu un des concepts centraux de la Convention mondiale pour la protection de la biodiversité.

(source Pro-Natura)